Supplément Week-End, le magazine des cultures geeks Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 24 Septembre 2011.

Vivi est une sauvageonne, une enfant qui vit dans les bois, qui n'a jamais connu ses parents, n'a jamais approché la civilisation et galope toute nue dans les hautes herbes. Elle y vivait heureuse jusqu'à ce qu'elle croise des chasseurs. Ces messieurs armés de leurs fusils et de leurs chiens organisent une battue pour la traquer.

Évidemment capturée, elle est ramenée comme une bête fauve au village. Mais la petite fille toutes dents dehors n'est pas un animal, une femme décide de l'adopter pour la ramener à l'humanité.
Pour Vivi, c'est le premier voyage en voiture, le premier seuil franchi, le premier repas chaud (“élaboré”, je veux dire, l'animal qu'on mange tout juste tué est chaud, bien sûr), le premier bain... enfin à peu près... et son premier vêtement. Une culotte.

Oui mais voilà, Vivi n'ayant jamais porté de vêtements, elle ne voit pas pourquoi elle doit porter cette chose désagréable, qui la gratte, qui la serre, qui la gène… c'est indécent de porter des vêtements quand on est une enfant sauvageonne ! Ça sera la guerre avec sa bienfaitrice, qui en augure bien d'autres comme dormir dans un lit, se servir d'une fourchette et… retenir son prénom.

Mais ça sera à l'école où Vivi aurait le plus de difficultés à comprendre les autres humains, elle qui avait toujours vécue nue et qui avait l'habitude de se battre pour survivre, la jungle de la cour de récré va prendre un autre sens avec elle.

Pour une fois, Aurélia Aurita et Frédéric Boilet, dont nous suivions l'histoire commune dans « Fraise et Chocolat », « Je ne verrai pas Okinawa » et « Buzz-moi », n'a pas sorti un journal autobiographique au contenu adulte, mais un petit conte pour les enfants.
C'est une bd bien culottée, mais au personnage central attachant, déracinée, ne comprenant pas cette civilisation qui l'empêche d'être mature, d'être elle-même.

Et en soit, finalement, on assure un drôle de parallèle avec la vie des auteurs, y'a quelque chose qui fait qu'on les y reconnaît.
Pour le chroniqueur BD, c'est une torture : on en raconte déjà beaucoup trop, or il faut bien évidemment laisser le plaisir de la découverte. Au lecteur bien sûr, mais aussi aux fans de Frédéric Boilet et Aurélia Aurita, et on sait qu'ils sont nombreux parmi nos auditeurs.

Le graphisme d'Aurélia Aurita convient parfaitement au ton, et ses croquis font involontairement penser au « Petit Nicolas » croqué par Sempé. La quasi absence de paroles, puisque Vivi ne parle pas encore comme les autres humains, est une idée géniale, qui permet l'abord du bouquin aux plus petits.