Supplément Week-End, le magazine des cultures geeks Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 19 Novembre 2011.

Le précédent bouquin de Tony Sandoval, « Doomboy » nous avait transporté. Sa mélancolie, sa poésie, son graphisme. C'est très simple : en restant sur la plage, il nous a fait chavirer. J'ai pas hésité à le mettre dans mon vote pour le prix critique de l'ACBD, et regrette qu'il n'a pas passé le second tour.

Cette nouvelle histoire est une ré-écriture d'un précédent album « Le Partage des sens » de Pierre Vanloffet et Zwald. L'album original était très contemplatif, et avait un graphisme très réaliste. Pour cette reprise, on a au contraire un dessin qui casse le réalisme, donne une patine réellement originale aux personnages tout en ayant moins de raideur dans les mouvements. De plus, La Paluda n'hésite pas à utiliser des techniques différentes suivant les planches. il est difficile d'arriver à discerner si c'est son graphisme superbement onirique qui a inspiré Tony Sandoval, ou l'écriture de ce dernier qui a su magnifier le style de la très belle dessinatrice Italienne. Celle-ci a d'ailleurs obtenu le prix jeunes talents à Angoulême en 2007. Mais parlons de l'histoire.

Une photo volée dans un parc, et c'est un amour indéfectible entre le photographe Baltus et Monica, sa modèle impromptue. Couple définitivement séparé suite à une brusque maladie. Cette mort a définitivement changé la vie de Baltus. Suite à cette triste expérience, il a des hallucinations. Il ne voit plus les gens comme ils sont, mais comme ils seront. Une vraie malédiction.
C'est pour ça qu'il s'est isolé dans une de ces côtes de l'Italie qui semblent découpées hors du temps, hors des lieux. Là où on ne l'embêtera pas. Sauf que sa malédiction est aux yeux d'autres personnes un véritable don. C'est le cas d'un touriste qui a eu sa jambe cassée dans une crique sauvage, secouru grâce à la clairvoyance de Baltus. Quelques années plus tard, cette histoire fera venir une journaliste d'un grand quotidien New-Yorkais.

Encore une fois, c'est la fragile frontière entre le monde des hommes et celui des défunts qui a inspiré Tony Sandoval. Le graphisme faux, exagéré mais incroyablement touchant de Grazia La Padula a su parfaitement s'y associer.
C'est tout simplement beau, touchant.