Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 23 Février 2013.
Une fois de plus, l'Humanité est très proche de l'autodestruction mutuelle : deux gigantesques superpuissances armées se regardent en chiens de faïence, prêts à appuyer sur l'ultime bouton rouge. Mais les sous-marins nucléaires sont remplacés par des destroyers spatiaux qui sillonnent notre système solaire, armé de missiles capables d'atomiser une planète.
Opérant sur le Kestros IV, Malleck souhaite un autre futur, pour qui la puissance brute de cette ombre de la mort est l'occasion de partir vers d'autres système solaires. Influencée par un documentaire des années 1970s, elle parvient à convaincre une partie de son équipe de se mutiner. Le vaisseau a un moteur fabuleux qui permettrait d'approcher de la vitesse de la lumière. Selon les lois de la Relativité, cette vitesse permettrait à l'équipage d'atteindre une éventuelle planète viable à des années-lumières de la Terre.
Un voyage sans retour, mais débarrassé du mortel armement. À l'équipage d'essaimer la race humaine.
Reste le plus dur : prendre le contrôle du Kestros IV.
On a eu « District 9 » qui a été une bouffée d'air frais monumentale dans le cinéma de science-fiction, réalisée en Afrique du Sud donc amenant à l'écran un autre point de vue. Mais sur le plan technique, il y a-t-il encore de la place pour faire un film de science-fiction sans une seule once d'infographie, sans même utiliser de technique d'incrustation sur fond vert ?
Derek Van Gorder et Otto Stockmeier ont fait le pari de produire un petit film indépendant, sans aucun effet informatique. Pour cela, ils ont tourné une petite bande annonce de une minute, et fait une levée de fond via Kickstarter.
Ils y sont arrivés, et ont pu produire un récit de 14 minutes. Un récit pur qui n'est souligné qu'avec des projections lumineuses, de la maquette et des effets de filtres. Une histoire tournée à la fois en appareil photo numérique et en argentique 16mm pour donner un cachet au documentaire. Vous pouvez voir sur son blog l'intégralité des détails sur la production et les effets, et notamment un stage qui a été offert aux créateurs dans un des ateliers historiques de trucages à Hollywood. C'est aussi ça le crowdfounding : la possibilité pour les spectateurs actionnaires de connaître la vie d'un projet, voire d'y participer à leur hauteur.
On note aussi que la plupart des acteurs sont issus du théâtre classique, et cela se sent. Ils y développent une réelle présence puisque la mise en scène impose des dialogues. Ceux-ci sont écrits dans un Anglais assez précis avec un humour pince-sans-rire. Les inspirations du réalisateur sont transparentes et il cite notamment le classique « 2001 », le documentaire « Cosmos » de Carl Sagan, la série « Mobile Suit Gundam » et la première série d'OAV « Gunbuster » (personnellement, j'ajouterais le remake de « Solaris » et « Moon » pour l'ambiance). La bande-son de SelloRekt LA Dreams, retour assumé aux 1980s, accompagne parfaitement une aventure en milieu clos.
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Nous suivions ce projet depuis un temps, surtout suite à un article de Wired. Il augurait l'audace des petits budgets du cinéma, le culot des shortcoms qui développent leur univers original avec trois bouts de ficelles. Les bandes-annonces produites pour le financement kickstarter montraient combien l'absence d'infographie dans ce genre hyper-codifié est un exercice rare et superbe.
Je reste sur ma faim. Vivement une suite à ce projet, qu'il se transforme en un vrai long métrage, projeté sur des écrans gigantesques.
Sur le sujet des effets spéciaux, je vous recommande :