Chronique lue en direct dans l'Hallucinarium FMR du 03/06/2015.
Réalisation : Eugène Lawn.
Bonjour à toi enfant du futur immédiat, toi qui nous écouteras dans quelques secondes.
Dans le monde de l'informatique, les professionnels un poil consciencieux et qui n'ont pas un poil dans la main, ont une fâcheuse manie : passer leur temps libre à faire de la veille technologique. Ce qui veut dire qu'au lieu de dormir du sommeil du juste, ils apprennent de nouvelles techniques, ils vont faire des ateliers comme des coding dojo, ils vont boire un pot après leurs heures de boulot avec d'autres collègues parfois employés par leurs concurrents et même ils se paient deux jours off pour aller dans une autre ville à un cycle de conférences.
Car la veille technologique est indispensable, surtout dans le secteur du web : on est passé dans les années 1990 du webmestre qui savait tout faire (jusqu'à la réparation de la photocopieuse) à une multitude de métiers très spécifiques alliant design, UX, développement côté client, côté serveur, API, bases de données, etc...). Et que ces évolutions, il faut les suivre très régulièrement pour garder le niveau. Comme l'écrit l'un des concernés, être développeur, c'est bien plus que 9h-18h. Et pourtant, il existe des dispositifs de formation, mais sont-ils adaptés ?
Ben oui, on parle de DIF, un fond de formation pour les salariés, mais quid des étudiants, quid des travailleurs indépendants ? ou même ceux qui veulent changer de métier ?
Alors pourquoi des gens préfèrent griller une partie de leurs loisirs pour en apprendre plus sur leur travail ? Est-ce qu'il s'y amusent ? Mais alors, est-ce qu'il font un vrai travail ?
Je profite que Sud Web a eu lieu le week-end dernier pour parler de ce symposium annuel des professionnels du web.
Aujourd'hui, je reçois deux co-fondateurs de Sud Web, co-fondateurs des Apéro Web Toulouse :
Nathalie Rosenberg, designeuse de site, référence accessibilité, lady gaga du web à paillettes et maître cappello entre les balises HTML.
Et Frank Taillandier, facilitateur agile, spécialiste en décodage de demandes client pour les équipes techniques et surtout faux hipster mais vrai jogger.
Nathalie et Frank, bonjour
(Partie interview, exclusivement dans le sonore)
- Quand a eu lieue la première conférence technique de professionnels du web ?
- Dans les cycles des conférences pro, il y a Paris Web, Kiwi Party à Strasbourg, Mix It à Lyon. Qu'est-ce qui différencie Sud Web ?
- Le ton desdites conférences, c'est une spécificité des métiers du web : on se balance des balles en mousse, on n'a pas peur de rire. Une telle décontraction est-elle due à la rapidité fulgurante de ses technologies ?
- Pourquoi Sud Web change de ville organisatrice chaque année ?
- Est-ce que l'on paie les orateurs ?
- Pourtant c'est cher ? Alors pourquoi des professionnels paient aussi cher alors qu'il existe des tutos sur youtube ?
- Et d'ailleurs, pourquoi proposer gratuitement les vidéos après coup ?
- Il y a-t-il en coulisse une concurrence entre les orateurs ?
- Les jeunes veulent apprendre de la technique, les confirmés veulent surtout du sens et du retour sur leur métier. Comment concilier les deux publics ?
- il y a deux ans, un participant qui découvrait le milieu du web m'a dit « je n'ai jamais autant appris sur moi-même »
- À chaque Sud Web, il y a un moment exutoire, où pendant une heure, le public prend la parole et s'y exprime. Malgré la consigne, un twit a échappé vendredi dernier, je le lis : « Chaque fois que je me sens illégitime à une tâche, je me répète trois fois David Douillet a été ministre
»
- L'an dernier, pour l'édition à Toulouse, il y a eu un excellent cours de dessin, de prise de note en croquis avec Eva Lotta Lamm. Cette année à Montpellier, ce fut un cours de pixel art avec Lucile Patron. On parle de contrainte graphique, d'expression de l'idée... avec un papier et un crayon, n'est-ce pas paradoxal pour une conférence de professionnels du web ?
- Il y a eu aussi Laetitia Phan, psychologue clinicienne qui parlait de hacker son cerveau. La culture générale et la compréhension d'autrui, n'est-ce pas ce qui manque à la plupart des formations du web ?
- J'ai asticoté l'an dernier un des orateurs en rappelant que nous sommes les 1% de privilégiés qui investissent leur week-end pour enrichir leur savoir-faire. Est-ce que le manque de motivation général à progresser est désespérant ou une chance pour ceux qui s'y mettent ?
Enfant du futur immédiat, lors de ce genre de conférences, j'y ai vu des technologies incroyablement futuristes, une réelle envie de faire progresser la société notamment par l'intégration du handicap, beaucoup de sourires, des angoisses éclater et aussitôt calmées...
Oui, je fais parti de ces privilégiés qui se permettent d'aller à ce genre de conférences, mais ce qui caractérise tout le monde, c'est la banane , le réconfort et l'envie d'expérimenter. C'est comme un free hug géant, mais où tu auras discuté la moitié de la journée des spécifications W3C et donc monté en skills et en level, comme disent les djeuns sur leurs meuporg
.
Et ceux qui ont participé au Sud Web de ce week-end se retrouvent demain soir, l'occasion de voir si participer à ce genre de conférence n'est que du personal branling ou un réel plus professionnel.
Bonus : Le jeu en pixel art de Nolife