Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 13 Mai 2006.

1893 dans le Nouveau Mexique. Un loup pose bien des soucis aux cow-boys : il dévore quotidiennement mouton et vaches, parfois décimant un troupeau par pur gratuité. Les bergers, pardon, les cow-boys ont bien tenté de le tuer avec des appâts empoisonnés, des pièges à loups,... rien n'y fait... un vrai démon qui fait qu'on parle d'El Lobo avec crainte. Ernest Seton est peintre, peintre naturiste parti à Paris pour tenter d'avoir la médaille du Salon de Paris, encouragé par les excellente critiques de son premier tableau. Mais finalement, l'œuvre qu'il y présente sera très mal reçue : « un loup qui dévore un crâne humain. Comment oser peindre une bête sauvage qui dévore le siège de l'âme humaine ? ». Sur cet échec, Seton, au lieu de retourner au Canada, décide d'exercer à New-York. Et ayant entendu parler par une amie de l'histoire d'El Lobo, décide de devenir chasseur pour savoir si oui ou non un tel loup peut bien exister. Il sera entraîné dans une traque bien au-delà de ses espoirs.

Ernest Thompson Seton a réellement existé. Comme l'indique le cartouche en couverture “1860~1946”. Il fut un naturiste très célèbre. Peintre, illustrateur, romancier... son influence fut énorme. Par exemple son « Animaux sauvages que j'ai connu » fut adapté au cinéma par les productions Disney. Boh, vous allez me dire « t'appelles ça une influence ? ». Ben oui. Tellement impressionné par ses lectures, Lord Baden-Powell le rencontra en 1906 et lui exposa ses idées pour la jeunesse. C'est ainsi que le mouvement du scoutisme fut créé, les noms comme “Louveteaux”, “Meute”, l'esprit d'observation et de respect de la nature, tout cela vient directement de Seton. Un héritage perpétué par un institut qui porte son nom.

L'album co-signé par Taniguchi est littéralement superbe. Sur les espaces, les hommes, l'ambiance mais aussi les bêtes et ce loup singulier qu'est Lobo. Tout est rendu par les mouvements, les postures et le tramage qui donne une très belle patine à l'image. Néanmoins, un reproche que je lui ferais : Les postures des animaux manquent parfois un peu d'exactitude. Mais finalement, on s'en fiche, c'est la beauté du bouquin qui nous emporte, et le fascinant face à face entre Seton et Lobo qu'on retient surtout.