Tout récemment, Pascal Nègre, le patron d'Universal Music France, expliquait dans un reportage comment il comptait maintenir son chiffre d'affaire qui est fortement entâmé par l'érosion des CD : (je cite de mémoire) « Nous allons faire des produits dérivés de nos artistes comme des badges, des t-shirts, des affiches. Cette diversification devrait au minimum représenter 50% de notre chiffre d'affaire ». Comme si cela n'existait pas jusque là.
Steven Colbert (qui singe quotidiennement dans son « Colbert Report » sur Comedy Central les éditorialistes de FOX News) a interviewé Laurence Lessig (le gars qui a théorisé et fondé Creative Commons). En plein dans l'interview, alors que Lessig disait qu'il était pour un allègement du cadre du copyright pour permettre le sampling et le remix, Colbert a invité le public à ne pas remixer cette interview. 24 heures plus tard, bien évidemment... la tentation était trop forte (Source : BienBienBien). “Vexé” (rappelons que Colbert joue un personnage outrageusement conservateur), et afin de « punir les contrevenants », il en a FAIT UN CLIP.
Je ne sais pas ce qui me rend le plus en colère : La violation de copyright ou la vitesse à laquelle ils ont su créer cette rythmique sacrément fraîche à en rester bouche-bée.
L'histoire n'est pas anodine :
Steven Colbert et son comparse compatriote John Stewart (du « Daily Show ») se sont battus contre Warner, l'actionnaire principal de Comedy Central pour que leurs émissions soient disponibles sur le net. Le résultat : leurs émissions sont librement accessibles 24 heures après leur diffusion, et les extraits librement insérables dans les blogs, dans une qualité largement plus acceptable que la plupart des rips dispos sur Youtube. Le tout sans DRM, et dans le monde entier. Ce qui a fait exploser leur popularité, et permi de démontrer la viabilité de leur business-model online (par la publicité, faut pas déconner).
Malgré tout, Warner continue à bloquer des vidéos de ses propres artistes. Car ils considèrent toujours qu'il vaut mieux continuer à cadenasser un divertissement à chaque étape, plutôt que lui permettre de voyager pour le faire connaître. Ce qui est déplorable, c'est que nombre d'artistes distribués par des majors restent dans cette idée qui leur est imposée par leur maison d'édition. Ont-ils oubliés que dans la décennie qui vient de s'écouler, jamais les salles de concert n'auront été aussi pleines ? Se sont-ils posés la question de savoir si pour chaque € versé par un fan dans une place de concert leur rapporte personnellement plus que chaque € versé dans une sonnerie de portable/un cd/un DVD ? Ben non : C'est des artistes, ils ont des managers pour réfléchir à leur place.
Un jour, ça va leur faire bizarre qu'on leur dise « C'est pas ta musique qui rapporte, c'est ta tronche sur les badges. De toutes façons, tes chansons, personne n'arrive à les écouter dans nos balladeurs ». Mais si on ne verrouille pas leurs chansons, elles vont être piratées, et ils vont jamais gagner d'argent, voyons ! Allez, signez ici monsieur le Parlementaire pour faire passer la loi Hadopi.
De joyeux trublions ont encore démontré exactement l'inverse : La gratuité génère un volume énorme de ventes. Mais apparemment, le fait qu'un savoir s'enrichit par le partage, ça entre trop en conflit avec ce qu'enseignent les écoles de commerce, donc on préfère combattre plutôt que comprendre.