Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 12 Mars 2011.
Ça y est, Mashiro et Takagi ont leur contrat. Leur série va être publiée dans la mythique revue Shonen Jump, le plus fort tirage au monde pour un magazine de bande-dessinée. Leur rêve se réalise, après avoir tout donné pour l'atteindre. Mais en fait, les problèmes ne font que commencer. Après tout, ils sont encore lycéens, et devront donc fournir 19 pages de BD toutes les semaines. Alors comment concilier leurs études et leurs aspirations professionnelles ?
Les mangaka ont un pouvoir secret : ils utilisent des assistants. Après tout, leur local de Mashiro et Takagi est l'ancien atelier de l'oncle de Mashiro, qui lui-même employait deux assistants. Donc les postes de travail sont déjà prêts, sacs de couchages dans l'armoire. Il faut donc désormais penser le dessin en éléments importants, en possibilité pour d'autres de le reproduire, en laissant les éléments où ils sont plus faibles (par exemple, les décors ou les véhicules), et donner les indications comme les aplats de noirs ou les trames. Bon, il est étonnant que les deux lycéens n'utilisent pas des logiciels métiers comme Manga Studio.
Leur atelier est plus un studio, et donc leur nouveau responsable éditorial, Miura, va devoir recruter un chef assistant qui connaît les ficelles de la production en flux tendu, de ce Fordisme de la BD, même si on reste dans un métier purement artisanal.
Si le produit est trop formaté, il perdra forcément très vite des lecteurs car il n'aura plus d'âme.
Ensuite, c'est toute la pression du responsable éditorial que l'on sent derrière. Celui qui valide les scénarii, qui gère les budgets, recrute vos assistants, et surtout fera tout pour que vous teniez les délais de livraison. Il est capable d'être un très bon pote tout comme un despote.
Et enfin, il y a donc le fameux sondage hebdomadaire, celui qui détermine si la série plaît aux lecteurs, s'il faut mieux la mettre en avant, ou si on la relègue en fin de magazine et préparer sa fin.
Inutile de vous dire qu'il y a de quoi faire des nuits blanches : rendre toutes les planches dans les délais, estimer quelle va être la popularité de sa série dans 4 semaines, et donc modifier en conséquence le script sur les goûts supposés du public.
Sans compter que toute la promotion des copains/concurrents est en place. Ce qui rend le classement encore plus difficile devant tant de nouveautés au sommaire.
Et surtout il y a le doute : Comment peut-on plaire avec une série d'enquêtes policières quand le lectorat aime surtout les histoires de baston ? Faut-il avoir foi dans la série ou écouter ce que l'on croit que les lecteurs aiment ?
Qui plus est, au lancement de la série, le responsable éditorial de la série a changé, et s'il a un enthousiasme certain, est-ce que les auteurs sont sûrs qu'il comprend bien les enjeux de leur série ? Qu'avant leurs 18 ans, ils veulent créer une série majeure alors qu'ils doivent encore aller au lycée ?
Mashiro et Takagi se rendent comptent que publier une série BD, c'est une petite entreprise qui se monte. Et par la-même, qu'il faut raisonner en manager. Croire en sa production car le doute peut vite pourrir l'ambiance des 25m² occupées par 6 personnes, et le non-respect du lecteur par une sortie par la petite porte des éditions Sueisha.
Après 4 tomes d'apprentissage haletant, cela aurait été dommage.
2 réactions
1 De Mitch 74 - 27/05/2011, 23:26
Une petite précision, pour indiquer pourquoi il n'y a pas davantage d'utilisation des nouvelles technologies:
- Bakuman en France est pas mal à la bourre: on en est au tome 6 en France, le tome 12 est sorti au Japon; ça fait une paire d'années de retard, l'atelier de l'oncle n'a déjà pas été touché en 5 ans, il s'est écoulé une paire d'années depuis le début de la série, nos deux comparses sont sans le sou et l'oncle il était criblé de dettes: en gros, ça représente près de 10 ans de retard au niveau des technologies (se référer à la loterie, où Shujin mentionne l'équipement TV de l'atelier, et ledit chef assistant faisant des remarques au niveau du photocopieur...)
- Mashiro veut dessiner: pour lui, gratter du papier avec sa plume, c'est ça être mangaka (d'ailleurs, ça lui fera souci plus tard - pour les connaisseurs, pensez Franquin et Rotring, vous vous ferez une idée). Sans qu'il soit forcément rétrograde, il est assez traditionaliste dans son fonctionnement. Ce n'est pas encore suffisamment visible dans les parties sorties en France, mais l'ombre de son oncle est toujours là (j'en dirai pas plus).
2 De Da Scritch - 27/05/2011, 23:43
Et Mitch74 a exactement tapé dans le juste. Mais tous les autres détails sont à découvrir par vous-même. Cette série est de très bonne tenue, et il serait vraiment dommage de trop en dire.