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Ce billet est dans le cycle « La Psychanalyse du Clavier ». Cliquez ici pour lire l'intro et les autres billets publiés.

Dans les épisodes précédents, on a balayé l'alphabet, et laissé un sacré foutoir avec DVORAK. Après avoir joué avec les lettres, passons aux chiffres, M. Renard.

Commençons par une petite fable.

Au tout début des machines à écrire mécaniques, quand la révolution était industrielle et le binaire se lisait à pile-ou-face dans les saloons, les chiffres étaient sagement alignées sur la première rangée. Comme dans les premières années, les mécaniques étaient chères, certaines économies furent faites à base d'astuces. 5-SuperCoderKeyboard.jpg Ainsi les touches 1 et 0. n'existaient même pas, et tout le monde y subtilisaient les lettres I ou L et O faç0n war10rds dans 1eurs c0urr1ers c0mmerc1aux.

Chez les Ang10-Sax0ns, les charmants petits chiffres étaient directement accessibles, avec la Casse-Haute de ces touches réservée pour certains symboles typographiques. Mais pour les langues disposant de lettres accentuées à l'usage intense, cette disposition fut inversée sur les claviers AZERTY. C'est ainsi que les nombres ne furent accessibles qu'en appuyant simultanément sur la touche ⇧Shift. ou via la bascule ⇪Caps.Lock). Et comme on était sur des claviers Français, ces touches s'appelaient respectivement ⇧Majuscules et ⇪Verrou.

Parallèlement, d'ingénieux constructeurs hésitant entre la filière mécanique générale automobile et celle des montres à goussets, construisirent les premières machines à calculer mécaniques, disponibles à échelle industrielle (Parce que les bricolages de la comtesse Ada Lovelace, c'était sympa mais ça faisait un peu amateur pour un service comptable d'une grande banque).

L'UI consistait en des curseurs (de droite à gauche, un pour les unités, un pour les dizaines, un pour les centaines, un pour les milliers, etc…), et une manivelle pour additionner/soustraire. Par la suite, les curseurs sont devenues des rangées de touches, et miracle de la technique, les ingénieurs machinèrent en sorte de n'avoir besoin que d'une touche par chiffre, soit 10 ce qui est quand même largement plus pratique et économique. D'ailleurs, ça prend moins de place, on peut mettre sa machine à écrire sur la même table. Empiriquement, on arrivait presque à une disposition “standardisée”.

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Crédit images : Wikipédia et leurs auteurs respectifs.

Pour apprendre à vous en servir, des vidéos de tutoriels sont disponibles sur ce site de formation continue consacré exclusivement aux technologies d'avant-garde.

Puis arrivèrent dans les très grosses entreprises les tabulatrices, des machines lourdes et imposantes qui servaient à calculer des opérations automatiquement plutôt qu'à reproduire des textes, mais qu'il fallait nourrir avidement de chiffres, de chiffres, de chiffres et de wagons de nombres. Qu'on entrait avec une quantité astronomiques de fiches perforées, sur lesquelles on pouvait faire des fonctions primitives de ce qui allait devenir les bases de données. Quand les ordinateurs commencèrent à prendre la relève, ils avaient déjà hérité des machines à écrire leur disposition du clavier, mais très vite, il devint évident que la disposition horizontale des nombres posaient des problèmes de confort pour rentrer ces wagons de nombres. Certains industriels firent donc fusionner sur leurs terminaux (on reste dans l'informatique des très grandes compagnies) le clavier de lettres avec celui de chiffres. Le fameux pavé numérique était lancé né.

Stade intermédiaire, la calculatrice commerciale Busicom 4004 (sur la photo à gauche, le clavier d'une réplique). Cette calculatrice fut la première application commerciale du microprocesseur tout juste inventé par Intel. Donc techniquement, c'est le premier micro-ordinateur doté d'un pavé numérique. Révolution !

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