Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 19 Janvier 2008.

Alors que le petit Jésus n'est attendu que dans deux siècles, Athènes devient moins un phare de la pensée occidentale, Rome est Urbi mais pas encore Orbi et l'Égypte se complaît dans sa déchéance après l'invasion de Ptolémée. Pendant ce temps là, dans une très lointaine contrée à l'Est, un roi finissait d'annexer ses voisins et créa l'empire de Qin, sous le nom de Qin Shi Huangdi, qu'on pourrait traduire par « Premier Empereur Resplendissant de Chine ». Mais faute d'un despotisme éclairé, c'est un tyran qui a décidé de mener son empire à la baguette, un instrument d'autorité plutôt peu connu pour ces ustensiles de cuisine.

Il fait fermer les écoles d'art martiaux, on sait jamais, au cas où les pécores décident de se révolter à coup de Tai Chi Chuan, à défaut de Kung Fu et brûler tous les livres, au cas où un fils de philosophe, après une carrière dans la pop grassouillette, décide d'écrire un recueil de gag qui vaut pas le prix d'un Télé Z.
(Référence posthume à Carlos et qui ne fait rire que moi, désolé)

Donc les intellectuels sont pourchassés, et les élèves en sport-études lâchés en pleine nature à ruminer de leur oisiveté. C'est ainsi que Sagesse Éternelle et Muscle Flamboyant, en attendant une éventuelle reprise des cours, cherchent la motivation pour perfectionner leur kung-fu. Or leur destin va croiser celui de deux lettrés qui veulent mettre à l'abri des livres pour leur éviter les flammes de l'Empereur. En leur confiant leur fardeaux à ces deux jeunes gens enthousiastes, les deux intellos en ont fait des ennemis d'états, avec les meilleurs soldats de l'Empereur à leurs trousses.

Heureusement, la soldatesque manque sérieusement d'entraînement pour arriver à la cheville des deux porteurs de bibliothèques.

Graphiquement, même si ça manque encore pas mal d'assurance, Vervish arrive à reproduire l'esprit des estampes chinoises, une atmosphère fantastique par ses arbres tordus, ses immenses orêts de bambous et ses chaos montagneux. Bertrand Escaich, lui, est la moitié masculine du duo scénariste Béka. Après « les Fonctionnaires », plutôt moyen, « Les Footmaniacs » plutôt ras-du-gazon, mais surtout le tordant « Rugbymen », il se lance vers une contrée qui est à la mode dans le milieu de la BD (ai-je dit manhua ?). Il s'y débrouille plutôt bien, surtout en évitant des jeux de mots trop calamiteux. Un mélange hilarant et référencé entre les fight-comedy chinoises et les vannes de lycéens premiers de leur classe.
Ça fait plaisir à lire, mais ça laisse pas un souvenir impérissable.